Vos questions

Isidore au maquis n’est pas qu’une aventure solitaire. L’objectif, en rendant public ces recherches et des éléments de cette histoire, est aussi de répondre aux questions qui pourraient se poser. À la fois sur le contexte historique de la vie de la famille d’Isidore, sur son parcours, et sur certains détails. N’hésitez pas à poser vos questions à travers les comptes Twitter et Instagram, ou en commentaire à la fin de cette page dédiée !

La femme d’Isidore était-elle aussi résistante ?
Question posée par Charlotte le 9 janvier 2022 sur Twitter.

Simone n’a pas pris les armes comme Isidore, et son nom ne figure pas parmi les dossiers d’homologation FFI enregistrés par le Service historique de la Défense, alors qu’Isidore y figure. Toutefois, Simone a bien participé à des actions de résistance. L’entrée en clandestinité du couple remonte à 1943, quand il vivait à Toulouse avec leurs deux filles Monique et Marylène. Selon Marylène, Simone a été dénoncée comme juive par son patron, dont elle avait refusé les avances. Interpellée, Simone a été conduite à la gendarmerie, où elle a eu face à elle un homme qui l’a reconnue : un gendarme dont la femme était la coiffeuse de Simone. Il l’a laissée partir.

Face à cette situation dangereuse, Simone et Isidore ont décidé de mettre leurs filles à l’abri. Scolarisées à Toulouse, Monique et Marylène ont été confiées à des soeurs du couvent Notre-Dame de Massip, à Capdenac dans l’Aveyron. Simone et Isidore ont eux pris la direction du maquis. Tandis qu’Isidore reprenait les armes, Simone a effectué des missions de liaison entre les maquis et avec la Résistance à Castres.

Le détail de ces faits d’armes n’est pas encore très précis, je dois consulter plusieurs services d’archives pour espérer trouver une trace documentaire de ces faits, mais une chose est certaine : Simone a agi.

Pourquoi le macaron d’Isidore est-il le même que celui de la Ville de Colmar ?
Question posée par Babar le 21 novembre sur Twitter.

Depuis le Moyen-Âge, Colmar a pour emblème une masse d’arme légendaire, prétendument oubliée par Hercule après son repos d’un de ses douze travaux. L’arme a été intégrée au blason rouge et vert de la Ville. Ces couleurs sont celles des uniformes portés par les personnalités politiques de la commune au Moyen-Âge.

Le 10 février 1945, ce symbole héraldique est officiellement devenu l’emblème de la Première armée française. Du 20 janvier au 9 février, Colmar a été le théâtre d’une « poche », bataille entre les armées alliées encerclant les forces allemandes. Après plusieurs vagues d’assauts français et américains, la Première armée a été celle qui a fait plier la résistance allemande, dont les troupes ont dû reculer au-delà du Rhin en dynamitant les ponts. 1 595 soldats français et 542 Américains sont morts. Cette bataille a permis l’avancée sur la ligne Siegfried.

Le choix de cet emblème répondait à un souhait du général Jean de Lattre de Tassigny. Toutefois, l’insigne militaire est dotée d’une petite différence : des contours bleus foncés ont été ajoutés avec des vagues azures. Elles marquent à la fois le débarquement de Provence effectué en août 1944, ainsi que les flots du Rhin.

Cette armée est composée de 250 000 soldats. Une moitié est issue des colonies nord-africaines et pour l’autre moitié d’Européens d’Afrique du Nord auxquels se sont ajoutés les résistants des Forces françaises de l’Intérieur. Elle prendra son surnom, celui de l’écusson, au printemps 1945 après ses victoires : Rhin et Danube.

Fallait-il être pratiquant pour être dénaturalisé, ou est-ce qu’être juif suffisait à Vichy ?
Question posée par Ululoki le 7 novembre 2021 sur Twitter.

Posée avec tact, cette question est très pertinente. Injustifiable quoiqu’il arrive, l’assassinat des juifs européens par l’Allemagne nazie n’avait pas pour objectif unique d’éradiquer la religion juive, mais bien tous les juifs ou les descendants de juifs. La loi fixait ainsi la définition de la judaïté : un juif était une personne ayant trois ou quatre grands parents juifs. Un seul parent d’ascendance juive suffisait à faire de vous un juif, pourvu que le deuxième parent ait au moins un parent juif. Une ascendance juive d’un seul côté faisait de vous un non-juif.

Cette règle est établie dans l’article premier du Statut des juifs, décrété le 18 octobre 1940 par Vichy : « Est regardé comme juif, pour l’application de la présente loi, toute personne issue de trois grands-parents juifs ou de deux grands-parents de même race si son conjoint est lui-même juif. » Les autres articles détaillent les différentes interdictions mises en place, qui concernent notamment les professions. C’est ainsi qu’Isidore sera exclu de son poste à la Direction des finances de Metz, puisque la fonction publique était « purgée » des juifs.

À aucun moment la loi ne fait référence à la pratique religieuse de la communauté visée. Je n’ai aucun élément sur une quelconque religiosité du côté d’Isidore. La seule certitude est qu’un ancrage traditionnel existe, puisqu’à la vingtaine, Isidore était membre des « Éclaireurs israélites de France », les scouts juifs. C’est avec leur fondateur, Robert Gamzon, qu’Isidore sera au maquis. C’est aux EIF qu’Isidore a rencontré sa femme, Simone. De son côté, l’histoire transmise par ma grand-mère veut que dans la famille de Simone, une synagogue clandestine ait été mise en place pendant la guerre, avec des offices religieux. Après la guerre, la religion a disparu de la famille.